Le mont Liausson ou Pic Saint Jean :

Il culmine à environ 523 mètres d’altitude et fait la barrière naturelle entre le schiste et la ruffe, entre la vallée du Salagou et le cirque de Mourèze. Il fait 800 mètres de diamètre à sa base.

A son sommet, il reste des vestiges d’un ermitage (accès interdit au public)

Fondation de l’Ermitage de Saint Jean de Liausson en 1254 :

Le premier ermite mentionné dans les textes en 1183 s’appelait Enjalbert. Il vivait dans les grottes. En 1232, Pons du Bosc et Pierre Gontier ont débuté la construction de l’ermitage. Vers 1254, Pierre de Rossel et Beranger de Rostaing (parent de la famille des Guilhem de Gelone), religieux, s’ajoutèrent aux deux premiers fondateurs. L’ermitage va passer à cette date entre les mains des hospitaliers de Nébian. A cette date vivait 4 ermites, 3 prêtres et un laïc Ponce Gazel. Cet ermitage fut d’abord placé sous la protection de l’évêque de Lodève avant de passer aux hospitaliers de Saint Jean de Nébian.

Extrait de la Gallia Christiana :

Pierre Gonthier, Pierre de Rossel, Bérenger de Rostaing, tous trois prêtres, et Ponce Gazel, laïc, donnent leur bien à l’hôpital de Saint Jean Jérusalem à condition que l’hôpital prête serment à l’évêque de Lodève et lui donne chaque année dix livres de cire neuve et bonne pour l’usage du diocèse, et que le commandeur de l’hôpital ne puisse sans licence de l’évêque construire aucune fortification sur les biens donnés et qu’enfin le prêtre chargé de desservir la chapelle soit tenu d’obéir à l’évêque, d’assister aux synodes annuels et de payer pour droit synodal trois deniers et demi.

Ponce Gazel était un habitant du village déçu de la vie qu’il menait. Il décida de se retirer du monde pour vivre en ermite. A cette époque, le climat religieux et politique du pays était complexe. C’est durant cette période de doute que prirent naissance des ordres religieux comme par exemple les ordres de Citeaux de la grande Chartreuse ou les moines du prieuré de Grandmont. Tous ces troubles religieux firent que certains hommes ne trouvant pas leur « voie » décidèrent de s’isoler du monde pour réfléchir à une nouvelle vision de la vie. C’était à cette époque un moyen de contestation que de refuser les préceptes d’une religion et d’une politique ne satisfaisant pas le peuple.

Il se fixa dans une grotte afin de vivre en harmonie avec Dieu. Il voulait se faire oublier, mais son courage lui valut d’être connu de toute la contrée. Des habitants allaient le voir, d’autres voulaient devenir ses disciples et vivre comme lui. Ce fut le commencement d’une communauté religieuse retirée du monde. Ils construisirent au sommet de la montagne un petit monastère avec son église et ses règles monastiques. Autour de l’église, des petites maisons pour les fidèles. L’évêque de Lodève de l’époque, Guillaume de Cazouls leur imposa la règle des Hospitaliers de Nébian qui plus tard devinrent leurs responsables. Cet Ermitage resta longtemps un lieu de retraite et de prière. Ceci dura un temps mais progressivement et ce pour diverses raisons, la communauté s’éparpilla et il ne resta que des ermites. La chapelle ne servait plu et elle ne servit que de station lors des processions des Liaussonnais sur la colline pour demander la pluie ou l’arrêt de maladies. L’ermitage pris le nom de Saint Jean par rapport à l’ordre des chevaliers de Saint de Jérusalem qui avaient une commanderie à Nébian mais aussi parce que l’oratoire aurait été dédié à Saint Jean l’évangéliste.

En 1331, il n’y avait plus de curé. La communauté n’existe semble t’il plus à la fin du XIV°siècle. L’église fut érigée en prieuré après les guerres de religion toujours sous le commandement des hospitaliers de Nébian.

En 1650, l’église est indiquée comme détruite, elle servait uniquement de lieu de repos lors des processions pour la Saint Jean et Pentecôte. Elle appartenait toujours à cette époque aux hospitaliers de Nébian malgré l’abandon des lieux aux XVI° après un regain d’intérêt suite aux guerres de Religion.

Il y avait une fresque sur un des murs de la chapelle mais ce mur s’effondra dans les années 1920 et la fresque disparut. A coté de la chapelle, il y avait le logement des ermites qui comportait une citerne et un cellier pour la nourriture. A l’extérieur, un petit bassin et un jardin. L’ermitage était clôturé car à cette époque, il y avait encore des loups.

L’abbé Hébrard donne des détails sur la fresque de la chapelle du XIII° :

« Avant la guerre de 1914, le chevet de la chapelle était debout, et nous avons pu relever une fresque, relative sans doute à la conversion de Pons. Au centre, une gloire, surmontée de deux angelots, ou trônait le Christ, à ses cotés la Vierge et sans doute Saint Jean. Un laïc vêtu d’une cotte jaune et de chausses noires offre un calice… Au XIII°siècle, les peintures murales de ce genre étaient sur leur déclin. Mais la disparition de cette œuvre si humble n’était pas moins regrettable, et nous sommes heureux d’avoir pu la sauver de l’oubli ».

Le fond de la fresque était couvert d’étoiles. La mandorle entourant sans doute un christ triomphant est jouxtée de part et d’autres de deux angelots surmontant deux personnages nimbés, dont un apparemment féminin (sans doute la vierge et St Jean). Un troisième personnage, non nimbé, vêtu d’un surcot et de chausses est placé à gauche de la gloire dans une attitude d’offrande symbolisée par un calice tenu au bout de son bras droit tendu, peut-être Ponce Gazel. Elle daterait du XIV°siècle

Cette église est mentionnée au XIII°siècle. En 1252, on trouve mention de « Ecclésia de Monte Laucionis ». En 1254, il y vivait 4 ermites, 3 prêtres et un laïc

L’église aurait mesuré 12 mètres par 6 orienté est ouest avec une nef unique. Elle était éclairée par deux petites baies. L’entrée ne se faisait pas par l’extérieur de l’église mais par l’intermédiaire d’une porte donnant sur un bâtiment attenant, sans doute le cloître. Cet édifice aurait été voûté.

Le réfectoire attenant à la chapelle mais ne communiquant pas avec elle, se composait à l’origine d’un étage servant de dortoir. Le réfectoire au rez-de-chaussée mesurait 4 mètres par 3.

Le petit cloître mesurait 5 mètres par 7 et communiquait avec la chapelle. C’était en fait une petite cour avec un bassin, il n’y avait pas de galeries ni de colonnes. Dans un angle, il y avait une petite citerne pour récupérer l’eau de pluie.

Un jardin, des abris pour les bêtes et un petit cimetière composaient également cet ermitage

Sources:

Mourèze ou les pierres qui parlent de Gaston Combarnous

Bulletins du G.R.E.C